lundi 30 mai 2011

Les Montoya : une dynastie flamenca

Olé gracia a Francisco !
à qui je dois la découverte des Montoya et qui nous a concocté ce post absolument inédit
(en cours de construction)

L'histoire des Gitans et en particulier du flamenco, est celle de familles et de clans, à la tête desquels figure un patriarche. Parmi ces « tribus » du flamenco que sont Heredia, Amaya, Vargas, Flores, Ortega, Carmona,..., « Lole et Manuel » -duo mythique des années 70-  constitue la figure centrale de l'une de ces dynasties flamencas : les Montoya. 

El nuevo flamenco : Formé en 1972, le duo a participé au renouvellement du genre flamenco (au même titre que le duo Paco de Lucía/Camarón). En 1975, il sort son premier album « Nuevo día », comme pour annoncer le début de l'ère post-franquiste...

Nuevo día - Lole y Manuel
L'innovation est marquante : enracinée dans la plus pure tradition, elle unit la poésie des paroles de José Manuel Flores à des rythmes novateurs.

Dans la famille Montoya, je voudrais...

... la mère !
 « Lole » : Dolores Montoya Rodríguez (Séville 1954)
Toute petite au Maroc, elle était entourée par son grand-père JoaquÍn originaire de Triana, sa grand-mère Luisa originaire de Jérez, sa tante Adina qui a introduit avec sa mère l'arabe dans le flamenco en l'amenant en Andalousie. Elle a débuté sa carrière en tant que danseuse sur les tablaos* sévillans1. Dans son répertoire on voit figurer de nombreuses chansons aux sonorités et consonances arabo-andalouses, comme dans les duos avec sa mère La Negra.
 1972 Lole et sa mère, La Negra, chantant en arabe
Lole termine par une petite danse « por tango »

... la grand-mère !
«La Negra» : Antonia Rodríguez, cantaora* et bailaora* née en Algérie (Orán 1936) mais issue d'une famille d'origine andalouse (de Jérez par sa mère et de Triana par son père) vivant à Casablanca au Maroc. Elle a transmis à sa fille sa connaissance des chants flamencos hérités « de casta* » pour ainsi dire. Elle a aussi su emprunter des chants populaires maghrébins, récoltés à Oran et au Maroc, symbole de l'échange entre communautés. Elle chantait déjà en arabe (bien avant les expériences de Lebrijano) dans un savant mélange de rythmes et de sonorités des « deux rives ». Son chant préféré reste la bulería*, le chant qui, par excellence, scelle la communauté gitane autour de l'art flamenco.

La Negra chante en arabe accompagnée par Moraíto chico à la guitare


... le patriarche !
Juan Montoya (le grand-père) : bailaor, originaire de Triana, le quartier gitan par excellence de Séville.

... le père !
Manuel Molina Jiménez (Ceuta 1948) est le fils de Manuel Molina Acosta « El Encajero ». A 12 ans il accompagnait déjà les plus grands à la guitare. Il a ensuite côtoyé les milieux rocks de Séville.
Avec Lole, ils réalisèrent quatre albums ensemble jusqu'en 1980 année de leur séparation: « Nuevo día » (1975), « Pasaje del agua » (1976), « Lole y Manuel » (1977) y « Al alba con alegría »(1980).

1985 - Todo es de color - lole y Manuel


Outre leur influence toujours présente dans le flamenco peut-être peut-on dire que leur plus grande réussite fut de faire perdurer la tradition familiale avec leur fille Alba.

 Bulerias - Alba con su padre

...la fille !
Alba Molina Montoya (Séville 1978) a d'abord défilé en tant que mannequin avant de se lancer dans la chanson avec un tube « Despasito » (1997). Elle a flirté avec d'autres genres musicaux (funk, blues, jazz…) que le flamenco mais elle garde en elle l'héritage de sa grand-mère la Negra qui l'a pratiquement élevée et de ses parents. Ne dit-on pas d'elle « Es de Lole, es de Manuel ». A l'instar de sa famille, elle a tout remporté avec son groupe Las Niñas (5 nominations aux "Premios de la Música"). Son dernier travail « Tucara » est un hommage à La Negra qui interprétait les bulerías comme personne. Sa chanson fétiche qu'elle vient de reprendre, « No puedo quitar mis ojos de ti », est actuellement la chanson officielle de l'Andalousie.
No puedo quitar mis ojos de ti in Tucara


Les trois générations : Lole a finalement décidé de réunir les trois générations (la Negra, Lole, Alba) dans une chanson ancrée dans sa double culture musicale, arabe et flamenco : 
Tercera generación in De plata y oro
  
Aceituna verde - composée par Alba et son père
Toute la famille réunie pour chanter :Lole, La Negra, et Alba al cante y palmas*
Manuel al toque* avec en prime Diego Morao

Bulerias - La Negra, Lole y Alba Montoya

... et en bonus ! Enfants de la famille et du quartier

1972 - Bulerias - La Negra, Lole et Carmelilla Montoya
au mileu d'enfants du quartier de Jérez (Séville)
Carmelilla Montoya y Remedios Amaya al cante,
El Bobote et Bollito hijo al baile, Carlos Heredia al toque

1 Beaucoup d'artistes flamencos débutent en touchant à tout et se confirment peu à peu dans une discipline. Ainsi Camarón rêvait d'être guitariste et Paco de Lucía voulait à l'origine être chanteur. Son frère Pepe de Lucía l'accompagnait en duo à la guitare à travers le monde avant de choisir le chant.



* L'eksik :
tablaos :scènes où dansent les danseurs de flamenco (de l'espagnol tabla : planche)
cantaor,a : chanteur, chanteuse
bailaor,a : danseur, danseuse
de casta : d'une prestigieuse lignée
bulería : un des « palos » (rythmes) les plus traditionnels du flamenco
palmas : rythme marqué avec les mains
al toque : à la guitare

4 commentaires:

Anonyme a dit…

La vidéo de Lole, La Negra et Alba réunies m'a valu une sacrée chair de poule ! Nadia

la petite jardinière a dit…

Oui quelle famille ! Que d'émotions ! Et que dire des autres enfants de la vidéo (1972)devenus grands ? Remedios Amaya "muse de Camaron" :
http://www.youtube.com/watch?v=bkP_bX3Lr14
Avec sa famille : http://www.youtube.com/watch?v=_NWuPcuseZk
A ses côtés "la petite star" Canelita, et à gauche... La Negra !
http://www.youtube.com/watch?v=HjPOOfw9V8g&feature=related
Canelita très jeune, waouh, que cantaor !!!:
http://www.youtube.com/watch?v=0PuTvWm8jc4

Anonyme a dit…

super super , lole et remedios
merci la petite jardiniere

la petite jardinière a dit…

De nada, Anomyme ! Contente de faire des heureux !